UN TERRIBLE BESOIN DE PLANTES | FT. AELIS O'CONNOR

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Un terrible besoin de plantes
◦ FT. @"Aelis O'connor" ◦

Mai 1810, 23h50.

Cela faisait maintenant un peu plus d'un an que j'avais lié ma vie à celle du Docteur Arthur Anderson, contrainte et forcée. Il fallait avouer que le temps passait si vite... Chaque seconde s'égrainait à une vitesse folle, se transformant peu à peu en minutes, puis en jours, mois et enfin années.

Couchée dans le lit conjugal, le souffle chaud et humide de mon époux s'écrasant contre ma nuque, je ressassais les évènements depuis lors sans trouver le sommeil salvateur et libérateur tant attendu. En effet, je ne parvenais pas à chasser le beau James Abberline de mes pensées depuis mon union arrangée avec le Docteur. Il revenait régulièrement hanter la moindre parcelle de mon esprit sans que je ne parvienne à l'oublier. Je lui avais adresser quelques lettres, dont la dernière ne remontait qu'à deux semaines, lorsque j'avais appris une nouvelle qui aurait dû être réjouissante, mais qui m'effrayait plus que jamais. Je n'avais jamais reçu la moindre réponse de sa part, et j'ignorais si mes missives lui avaient été remises ou non. In fine, le résultat restait le même... Mais s'il les avait bien reçues, cela signifiait qu'il n'avait pas daigné me répondre, que la place que j'occupais dans son cœur était bien plus mince que celle qu'il prenait dans le mien.

Je m'étais pourtant montré prudente... Depuis mes premiers rapport avec mon époux, je m'étais tournée vers les plantes que je connaissais si bien pour éviter qu'une quelconque forme de vie puisse se développer en moi. Pourtant, malgré les linges imbibés de citron que j'introduisais dans mon intimité pour la rendre hostile quelques temps avant l'acte, ou les infusions de feuilles de papaye que j'ingurgitait après, j'avais découverts avec horreur que mes menstrues avaient du retard. Beaucoup de retard. Le genre de retard qui ne pouvait laisser aucun doute planner. 8 semaines pour être exacte, et mon corps avait déjà commencé à se transformer pour accueillir au mieux cette petite vie que je ne désirais pas. Pour James, j'étais même prête à y mettre un terme, mais les jours m'étaient désormais compté car plus le bébé se développait, moins mes remèdes seraient efficaces pour lui ôter la vie. Devant le silences de mon Amour Perdu, je n'avais pas osé franchir le pas. Après tout, je désirais avoir des enfants. Je n'avais simplement pas prévu qu'Arthur en serait le père. Pourtant, je ne pourrais pas m'en cacher éternellement... Si les changements de mon corps me sautaient aux yeux, mon époux ne tarderait pas à les découvrir lui aussi lorsque je me tiendrais nue devant lui à sa demande, comme il en était toujours d'usage.

Perdue dans mes pensées, je sentis soudain une nouvelle nausée me retourner l'estomac. Quittant le lit conjugale aussi discrètement que possible, je sortis de la chambre en hâte pour vider le contenu de mon estomac sans qu'Arthur ne s'en aperçoive. J'en étais plus ou moins à 8 semaines de grossesse, et mon quotidien se changeait déjà en véritable enfer, la moindre odeur différente me soulevant le coeur.

Cela ne pouvait décemment pas continuer comme ça. Il fallait que je trouve un moyen de me sustenter sans que ce petit être ne me fasse recracher toute once de nourriture. Je me sentais constamment faible et épuisée, mon visage commençait d'ailleurs à en porter les stigmates sous forme de cernes.

C'est ainsi que je décidais de me vêtir discrètement. J'enfilais une robe au laçage facile et rapide, puis une étole de laine par dessus qui serait suffisante pour me couper du froids hostile de la nuit. Quittant ma demeure sur la pointe des pieds, quelque argent en poche, je me dirigeais dans les rues de Londres pour rejoindre la boutique d'Apothicaire située à quelques quartiers de là.

Les rues étaient sombres et effrayantes bien que désertes. Les ténèbres étaient repoussés de ça de là par des torches qui me permettaient de m'orienter correctement dans ce dédale imposant.

Quelques minutes plus tard, je poussais la porte de la boutique, en faisant tinter la petite clochette qui signala ma présence au propriétaire des lieux. Un vieil homme m'accueillit plutôt chaleureusement pour l'heure tardive de ma visite.

« Milady, que puis-je faire pour vous en plein coeur de la nuit ? » lança-t-il en prenant place derrière son comptoir de bois sombre massif.

M'approchant de lui, je lui rendis son sourire avant de déclarer. « Milord, je suis à la recherche d'un remède miracle contre les nausées... Je suis exténuée. Peut-être auriez-vous quelque part dans vos bocaux des racines de gingembre à infuser ? Ou peut-être des feuilles de mélisse et de serpolet ? » avançais-je en priant silencieusement qu'il en ait en réserve.

Les yeux du vieil homme se perdirent un instant sur mon ventre, mais ma robe en cachait le léger galbe qui s'y formait. D'un hochement de tête, je confirmais sa question non formulée : oui, le remède m'était directement destiné. Il sourit en retour et déclara « Un instant s'il vous plait », puis il disparut derrière des rayonnages. Lorsqu'il réapparut, ses mains tenaient trois bocaux transparents, tous remplis des ingrédients que je venais de lui lister. Le soulagement détendit immédiatement mes muscles. En infusion, 2 à 3 tasses par jour, je devrais rapidement retrouver la santé et un visage plus apaisé.

Je repris la parole d'une voix basse. « Oh, je vous remercie ! Vous ne pouvez pas savoir à quel point je vous suis reconnaissante, Monsieur. » Ces plantes n'étaient pas destinées à me faire avorter, mais bien à stopper les nausées incessantes. J'attendis un instant que l'homme me rende mon sourire et me notifie du montant à payer contre ces victuailles. Sortant une bourse, j'en sortais quelques pièces.

» UNE RENCONTRE ET BIEN PLUS SI AMITIÉ NAISSANTE. (AELIS O'CONNORD/RP PRIVÉ)